À une époque de titre “AAA” aux cartes gigantesques noyées de collectibles à ne plus savoir qu’en faire enrobées dans des aventures interminables bien souvent artificielles, il est bon de temps en temps de retrouver la sobriété de jeux simples et rafraîchissants qui ne sont pas du tout là pour vous prendre la tête mais au contraire pour vous faire passer un agréable moment en contant une histoire courte et sympathique. Des expériences resserrées mais intenses qui sauront vous toucher ou vous interpeller chacune à leur manière. À l’instar de Stray ou “Paper, Please !”, Lake fait partie de ces jeux indés tout petit qui de prime abord ne paye pas de mine mais qui saura vous transporter dans son univers grâce à son ambiance bucolique et hors du temps.
- Éditeur : White Thorn Games
- Développeur : Gamious
- Année de sortie : 2021 (exclu Microsoft) 2022 (Sony)
- Joué sur PS4 et PS5
DÉCOR DE CARTE POSTALE
Nous sommes en 1986 à Providence Oaks, Oregon. Meredith Weiss délaisse pour un temps son travail d’informaticienne à la grande ville pour retrouver le calme et la verdure de son patelin natal. Sauf qu’en fait au lieu de vacance elle sera en charge de remplacer son père, facteur de son état, parti lui véritablement en vacances en Floride avec son épouse (la mère de l’héroïne, donc). Et c’est ainsi que tous les matins Meredith devra conduire le véhicule de distribution du courrier pour faire la tournée autour du lac où vit la communauté du coin.
C'est sur que ça doit changer du métier d'informaticienne
Jour après jour durant deux semaines, elle fera la connaissance des grandes figures de cette petite ville qu’elle quitta sans un regard en arrière vingt-et-un ans plus tôt. Entre nouveaux visages et vieilles connaissances elle établira très rapidement un cercle social qui la sollicitera pour diverses choses au quotidien. Tout autant de menus services que vous serez à même d’accepter ou de refuser à votre guise. En effet une part importante de cette champêtre retraite viendra de vos choix de réponses aux divers coups de main que l’on vous demandera. Êtes-vous d’accord pour amener un chat malade au vétérinaire ? Trimballer un lecteur de VHS portable chez divers clients ne vous dérange pas ? Garder les enfants de votre copine d’enfance au dernier moment n’est pas pour vous un problème ?
Le facteur dans les petites bourgades est bien plus qu’un simple distributeur de courrier, il est le dernier lien social de beaucoup de personnes.
Vous la croiserez souvent la "Dame aux Chats"...
Il ne s’agira donc pas seulement de faire parvenir le courrier et autres colis jusqu’à leur destination mais aussi de gérer les différentes rencontres plus ou moins captivantes que nous serons amenés à croiser au quotidien. Sans oublier également les coups de fil le soir à la maison, entre les parents un peu trop enthousiastes et le patron sur le point de conclure l’affaire du siècle grâce à votre boulot. Tout un tas de relations qui dépendent donc de notre manière de les appréhender.
EN RECOMMANDÉ
C’est bien beau la parlotte, mais il ne faudrait pas en oublier le boulot ! Rassurez-vous, celui-ci ne sera pas bien compliqué. Il consistera à conduire le van aux couleurs de la poste puis d’ouvrir la carte et votre plan de distribution où seront indiqués les différents lieux de livraison du jour (réparti entre courrier et colis), et roule la galère entre chacun de ces emplacements. Bien entendu, à chaque jour son parcours et ses rencontres - même si vous serez amenés à croiser une dizaine seulement d’habitants en fin de compte et que le cheminement est assez limité (voir la carte).
Vous passerez le plus clair de votre temps dans votre van
Alors attention, ne rêvez pas. Qui dit jeu indé dit moyen de production assez limité. Et même si les graphismes ont leur charme ils restent sommaires, un pixel ou deux seulement au-dessus du low-poly. Là où vous constaterez les limites du soft, c'est une fois au volant de votre engin. On est loin de GTA ou de Forza Horizon !
Globalement Lake est un jeu assez lent, et se revendique d'ailleurs comme tel. Rien ne vous presse jamais, vous avez tout le temps du monde pour effectuer votre tournée. C’est vraiment à une escapade “chill” auquel le jeu nous invite. Pas de stress, tranquille !
Il y a une certaine ambiance qui ressort de tout ça
Il n’empêche que toutes les voix sont doublées (en VO seulement) et que chaque relation connaît donc plusieurs destins en fonction de vos choix. À cet égard, l'aventure peut se terminer de diverses façons, je dirai grosso modo d’une demi-douzaine de manières différentes (certaines sont juste des variantes).
La radio locale, tenue par un fermier du coin, passe des chansons vraiment agréables à l’oreille, bien qu’assez peu nombreuses. Une remarque que Meredith elle-même ne loupera pas de faire remarquer au DJ !
Notre lieu de travail où l'on passera assez peu de temps
Un aspect que j’ai vraiment beaucoup aimé concerne les nombreuses références - surtout cinématographiques - que les développeurs se sont amusés à incorporer un peu partout à Providence Oaks. C’est véritablement un jeu dans le jeu.
Ça me rappelle quelque chose, mais quoi ?
MAL TIMBRÉ
Malgré le fait que j’ai beaucoup apprécié mes deux parties de Lake, il n’en faut pas pour autant occulter ses nombreuses tares. Et la première d’entre elles concerne les nombreux bugs qui pullulent à P.O. (Oregon). Collisions mal gérées (au passage pas de dégâts quelle que soit la brutalité du choc), riverains qui disparaissent à la volée (ils “dépopent”), quelques objets de décor mal intégré (une poubelle qui flotte 10 cm au-dessus du sol, un stère de bois à moitié dans le vide…), ce genre de choses et plus encore…
Ce genre de petit défaut visuel sont bien trop fréquents...
Cela devient plus gênant quand il s’agit de sélectionner parmi nos photographies celle que l’on estime être le meilleur cliché et qu’elles apparaissent toutes noires (à moins que bête comme un chou j’ai oublié d'enlever le capuchon de l’appareil…). Mais je ne me plaindrai pas, je n’ai pas eu l’énorme bug qui fait disparaître la fourgonette et oblige à faire le tour du lac à pied (ça doit être très long !).
"Hein ? Des problèmes d'affichage ? De collision ? Mais où ça ??!"
Autre souci fréquent, la synchronisation labiale parfois aux fraises. Et ce dans les deux sens (voix avec bouche fermée ou bien personnage qui bouge les lèvres alors qu’il a fini sa phrase depuis plusieurs secondes). Mais bon cela est plus rigolo qu’autre chose et on excuse pour une petite production (je n’ai jamais su si le problème avait été réglé dans “The Last of Us” au passage). Notons d’ailleurs quelques erreurs de traduction qui laisse franchement à désirer…
Énorme bourde de traduction ici avec Meredith qui dit "It must be bills", traduit donc par la phrase affichée ci-dessus au lieu de "Çe doit être des factures"...
Cependant le plus gros défaut du titre viendra de sa redondance. Du moins pour une bonne partie des joueurs qui s’y essayeront, car pour moi cette répétitivité du quotidien ne me dérange pas le moins du monde, bien au contraire. Je dirais même que cela confère une touche supplémentaire à cette ambiance qui se veut apaisante et sereine.
La carte de Providence Oaks, sachant que vous ne pourrez pas visiter autre chose que les routes ici grîsées
Par contre les césures entre les séquences sont bien trop soudaines. Qu’il s’agisse des différentes scènes durant la même journée ou encore plus frappant quand on se retrouve catapulté du jour au lendemain en une demi-seconde. Une courte cinématique en guise de transition temporelle n’aurait pas été du luxe: des plans cartes postales, des nuits en Time-lapse... Rien de compliqué mais qui malgré tout aurait permis d'habiller un peu le récit.